Cet amour-là

"Elle dit: non, ne pleurez pas, ce n'est pas triste, en rien, en aucun cas. Il s'agit de vous et de pas vous, oubliez votre personne, ça n'a aucune importance. Il ne faut pas se prendre pour un héros. Vous êtes rien. C'est ce qui me plaît. Restez comme ça. Ne changez pas. Restez. On va lire ensemble."

Yann Andréa

That's all folks

Les textes sont présentés par série mais ça ne veut rien dire une série, ça n'existe pas. Les frontières sont poreuses entre les textes comme elles le sont dans la vie. Les frontières sont poreuses aussi entre le texte et la vie comme elles le sont dans la vie. Et comme dans la vie, ça ne veut rien dire d'autre que: ça est.

Les photographies sont le seul élément fixe des séries: elles appartiennent à She. Au premier degré, littéralement, ce sont ses photos de famille. Ces photographies ont toutes été prises en même temps. C'était au mois de décembre dans les années 2000. Elles sortent d'albums différents mais tous composés par la même main: celle qui a, dans la plupart des cas, appuyé sur le déclencheur de l'appareil à faire des photographies. Ce que la main de She a fait pour se les approprier c'est simple. Elle a fait des clics et des mouvements de souris. Elle a chopé un logiciel qui s'appelle Photo Filtre et qui est très simple d'utilisation. Elle a décidé comme ça arbitrairement qu'il n'y aurait que 4 manipulations: recadrer la photographie, la vieillir, la flouter et faire sortir, d'un clic bien ou mal senti, le Dibbouk qui la hantait, la photographie. La photographie est ensuite balancée en lien avec un prénom de femme qui lui va bien. Et ça ne veut rien dire. Mais c'est important.

Il y a dans ces séries des thématiques très absurdes et très intimes. Il y a beaucoup la mort, un peu l'envie, parfois l'amour. On pense qu'on parle d'être femme alors qu'en fait souvent les femmes sont des hommes qui s'ignorent. Les textes ne cherchent pas du tout à dire le vrai ils sont plutôt comme une sorte d'éruption cutanée, une réaction allergique à des trucs de la vie. Ces trucs de la vie sont traités avec autant de sérieux, qu'il s'agisse de futilités ou de choses tout à fait cruciales. C'est que je me fous du fond cher amour de lecteur, ce qui compte pour moi c'est la forme, la façon dont ta langue tourne dans ta bouche et dont ta salive tente de suivre le rythme des mots.

Ce blog on le sait n'est pas très beau. Mais la beauté et la lisibilité des textes est vraiment secondaire. C'est là comme ça un peu gratuit sans trop savoir pourquoi. C'est comme des textes en liberté, ça veut pas dire en parade la liberté. Quand un sanglier est dans un bois en liberté il n'est pas tout le temps là, sous le nez du promeneur, à faire son élégant. Il n'arrive que par accident. Et c'est seulement l'accident qui rend la rencontre intéressante. Alors fais pareil s'il te plaît lecteur, arrête de penser, promène-toi.

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